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Quand l’art verrier s’intègre au Cardo

Réalisée dans le cadre du dispositif « 1 % artistique », l’œuvre de l’artiste Christelle Familiari orne depuis début juillet le hall du Cardo. En cette rentrée, les étudiants et usagers du bâtiment ont découvert cette délicate démonstration du savoir-faire et de l’héritage verrier de la région, niché à Meisenthal, partie-prenante de sa réalisation.

Verres, vases, chopes, soupières, carafes… 501 de ces contenants, à l’origine utilitaires, ont été assemblés pour habiller gracieusement, comme des guirlandes, les trois étages centraux du hall du Cardo. Transparence des passerelles et jeux de lumière se conjuguent pour offrir au visiteur une perspective prolongée sur le bâtiment. « C’est exactement l’effet que j’attendais », se félicite Christelle Familiari, l’artiste d’origine niortaise qui a conçu l’œuvre. Celle-ci dormait depuis cinq ans dans des cartons, la faute à des reports successifs du chantier.

Cette sculpture, pour le moment innommée, est le fruit d’un travail au long court, débuté voici neuf ans au moment de la conception du bâtiment. Elle s’inscrit dans le cadre du « 1 % artistique », dispositif imaginé par le Front populaire tant pour soutenir les artistes que pour initier la population aux formes d’art contemporain. Dans les projets publics s’y engageant, les financeurs consacrent 1 % du budget à une ou plusieurs réalisations artistiques.

Verrerie pour limonadiers

Pour la plasticienne installée à Rennes, où elle enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts de Bretagne, cela a été une évidence d’imaginer un projet « mettant en valeur le savoir-faire local ». Au Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal, lieu d’une précédente résidence, elle compulse les catalogues de moules en verre, catégorie Verrerie pour limonadiers, retravaille les formes plusieurs étés durant, pour aboutir à cent matrices.

« Le CIAV s’est donné pour mission, depuis sa création, de rassembler les catalogues de verreries aujourd’hui disparues. C’est une véritable mémoire vivante de ce patrimoine, puisqu’artistes et designers se le réapproprient aujourd’hui, pour en faire une nouvelle lecture. » Au passage, Christelle Familiari adresse avec son œuvre un clin d’œil « au domaine de la propriété intellectuelle et industrielle », largement représenté au Cardo à travers la présence du Centre d'études internationales de la propriété intellectuelle (Ceipi), de l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) et de l’Institut européen entreprise et propriété intellectuelle (I2EPI).

Les formes qu’elle a conçues ont ensuite été soufflées à la bouche par les artisans verriers de Meisenthal, l’argenture vernissée qui en tapisse l’intérieur réalisée par l’entreprise locale Verrisima, explique l’artiste qui a à cœur « de ne pas travailler hors-sol », et s’est aussi entourée d’ingénieurs et d’artisans métalliers pour la conception pratique et l’installation de l’œuvre. Plus récemment, elle a réalisé un autre projet « 1 % artistique » pour la Maison des sciences de l’Homme, à Rennes, cette fois-ci avec des tailleurs de pierre.

Au Cardo, l’artiste souligne « le dialogue créé entre l’œuvre et le bâtiment conçu par les architectes Lipski et Rollet : l’argent de l’œuvre et le doré de la toile tendue se répondent, de même que les matières en trompe-l’œil - toile tendue et verre donnant l’illusion du métal. Un rapport sensuel s’établit entre les deux. »

En parallèle, Christelle Familiari a aussi conçu un vase et une carafe, issus du même moule. Une quarantaine sont répartis dans les salles et les bureaux du Cardo. « J’aime cette idée d’art du quotidien que l’on peut manipuler, tenir en main. » Du patrimoine vivant.

Elsa Collobert

EN IMAGES : Une délicate sculpture de 90 m de long

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